Club de Réflexion Noctua & Bubo (CRNB) -Think tank-

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Le monde du travail | Antiquité, Moyen Âge, Actuel

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Table des matières 

Les origines de la philosophie expérimentale 

Des communautés de métiers et du libéralisme 

La parenthèse Albert Camus 

Monde : La naissance de la créativité 

La construction des pyramides

Quelques personnalités 

Arts, artisans et artistes 

Libéralisme (économique), industrialisation et conditions du travail 

Restif de la Bretonne, écrivain 

L'art du vitrail 

Vidéos

Les “petits métiers”  où les métiers de rue au XVIIIe siècle 

La petite histoire internationale du café et de l'établissements dit “café” 

 

 

 


 

Les origines de la «philosophie expérimentale»  


 

INTRODUCTION

Parmi les nombreuses avancées techniques – pour la plupart d"origine chinoise – se trouvaient  «de meilleurs harnachements pour les chevaux de selle et de trait, le moulin à eau, le moulin à vent, la scie mécanique, les fenêtres vitrées, les lunettes, la charrue à roues, le gouvernail, les portes d'écluse, l'horloge de plancher et, enfin, l'imprimerie ». Ces techniques nouvelles étaient le stimulus indispensables à la philosophie mécaniste » qui caractérisait la Révolution scientifique. 

 

 

L'historiographe H. F. Cohen a tourné en dérision ce qu'il qualifie de  «représentation naïve de la Révolution scientifique» :

 

Avant Galilée, pour qui souhaitait parvenir à la connaissance de la nature, le mieux était de se conformer à la seule autorité en la matière, Aristote. Puis vint Galilée, qui nous apprit une fois pour toutes à penser par nous-mêmes, inaugurant ainsi les premières sciences modernes et ouvrant la voie à leur progrès ultérieur. 

 

Si le propos est volontairement caricatural, il n'est pas faux de dire qu'avant la Renaissance la tendance dominante chez les savants européens était de considérer que la meilleure manière d'arriver à connaître la nature était de compulser les écrits d'Aristote. Il est également raisonnable d'affirmer qu'à l'époque de Galilée, une nouvelle façon d'appréhender la connaissance – par voie d'expérimentation – gagna la faveur de certains cercles intellectuels de l'élite. Mais si Galilée fit une intense propagande en faveur de cette recomposition, ce n'est certainement pas lui qui l'initia.

Selon une anecdote bien connue, relevant de la  «représentation naïve» susmentionnée, Galilée aurait lâché deux objets de poids différents du haut de la tour de Pise. L'histoire raconte que les opposants scolastiques de Galilée soutenaient qu'un objet lourd devait tomber plus vite qu'un objet léger – puisque Aristote l'avait affirmé. Galilée aurait donc proposé de lâcher simultanément deux boules de poids différents du haut d'une tour pour voir si la plus lourde des deux toucherait effectivement le sol la première. Les professeurs de philosophie rejetèrent sa proposition, la considérant comme une pure perte de temps. Mais Galilée entreprit son expérience malgré tout et prouva bien évidemment qu'Aristote se trompait. Les deux boules touchèrent le sol en même temps, ce qui signifiait qu'elles étaient tombées à la même vitesse. 

Cette anecdote apocryphe, «sans doute entièrement factice» est l'un des mythes fondateur des sciences modernes. Si elle illustre bien l'essor de l'expérimentalisme au XVIIe siècle, elle entretient l'idée erronée qu'il serait le produit de l'invention d' «une série de penseurs européens». Parmi les autres personnalités à qui l'on attribue régulièrement d'avoir introduit la pratique empirique dans les sciences, on compte Francis Becon (qui prit parti pour la logique inductive contre la logique déductive aristotélicienne) et William Gilbert (qui puplia en 1600 le premier ouvrage savant de physique expérimentale, De magnet  – «De

l'aimant » – un compte rendu détaillé, en latin, de ses expériences avec des aimants).

Si la plupart du temps le récit de la Révolution scientifique ressasse une version ou une autre de l'histoire des  «grands penseurs», certains récits dénotent parfois. Il y a de cela plus d'un demi siècle, l'historien Edgar Zilsel présenta une autre interprétation :  «La méthode expérimentale ne descend pas, et ne pouvait pas descendre, des conceptions métaphysiques des philosophes de la nature. Il nous faut chercher ailleurs, à un autre échelon social, pour lui trouver des antécédents directes.» La démarche expérimentale, expliquait Zilsel, connut un long développement avant que quelques savants n'y prêtent attention et ne s'en servent à leurs propres fins. Les écrits de Galilée, Bacon et Gilbert eux-mêmes indiquent tous très clairement que l'inspiration leur venait des mineurs, des marins, des forgerons, des fondeurs, des mécaniciens, des souffleurs de verre, des horlogers et des constructeurs navales : c'est-à-dire des travailleurs manuels de leur époque.

Les plus éminents praticiens de chaque métier avaient affiné leur savoir-faire au fil d'une longue expérience. Bien souvent, ils avaient établis des règles chiffées, à l'aide  de mesures répétées, qui guidaient leurs activités.  «Les mesures réglées des artisans à l'aube du capitalisme, bien qu'elles ne soient jamais nommées ainsi, précédèrent les lois de la physique moderne», écrivait Zilsel. Le principal accomplissement de William Gilbert ne fut pas d'inventer la démarche expérimentale mais d'être  «le premier savant de formation universitaire à oser adopter la méthode expérimentale des artisans qualifiés et d'en communiquer les résultats dans un livre [...] destiné à un lectorat cultivé ».[...]

 

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Savants contre artisans

La critique de Zilsel, comme on peut s'en douter, suscita une vive opposition :  «une grande partie des scientifiques et des historiens des sciences frémissaient  d'horreur, tels des vierges effarouchées, à l'idée que la société, par le biais de techniques, puissent informer les sciences.» [...] 

 

[...] Il est important de garder à l'esprit que les premiers savants modernes qui cherchaient à puiser dans les savoirs des artisans ne représentaient qu'une petite fraction de l'élite intellectuelle. La grande majorité d'entre eux résistait farouchement à la  «réforme du savoir» promue par Francis Bacon et d'autres, frustrés par le conservatisme universitaire. [...] 

 

[...] En résumé, la méthode expérimentale qui caractérise les sciences modernes ne trouve pas son origine dans les réflexions d'une poignée de savants de l'élite universitaire, mais dans les pratiques quotidiennes de milliers d'artisans anonyme qui, tâtonnant avec leurs outils et matériaux, perfectionnaient leur art. La «philosophie expérimentale», déclarait en 1668 le philosophe baconnien Joseph Glanvill, est fondée sur  «ces choses qui ont été découvertes par des artisans illettrés ».[...]

 



Rechercher la sagesse dans les rues et les ateliers 

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Colette et les peintres en bâtiment 

(Probablement des travaux dans son institut de beauté)

Paris, 1932 ; l'écrivaine Colette n'hésite pas à monter à l'échelle pour donner ses instructions. 

 

Bacon est traditionnellement présenté comme le premier à avoir reconnu que la vraie connaissance et par conséquent la  «véritable maîtrise» de la nature se trouvait dans les ateliers des artisans. En réalité, il ne fut que l'un des premiers philosophes modernes, parmi d'autres, à commencer à voir les choses ainsi. Aux alentours de 1450, un livre du philosophe allemand Nicolas de Cues rejetait l'enseignement oratoire et soutenait qu'au contraire  «la sagesse peut se trouver dans les rues et sur les places de marché, ou se font ordinairement le pesage et la mesure». En 1553, Jean Louis Vives (Juan Luis Vives) expliquait à ses confrères universitaires qu'ils ne devraient pas  «avoir honte d'entrer dans les échoppes et les ateliers, de poser des questions aux artisans et de se renseigner sur leur travail ». [...]

 

[...] Roger Bacon a souvent été présenté comme ayant précédé Francis Bacon trois siècles plus tôt en reconnaissant la valeur scientifique des pratiques artisanales. En effet, dans son Opus Majus, il déclarait :

Les arcanes du savoir furent toujours d'avantage pénétrés par des hommes simples et méconnus que par les hommes de grande renommée. J'ai appris plus de choses utiles et excellentes au contact des gens fort simples sans la moindre renommée dans les lettres, qu'après de tous mes illustres professeurs.[...]

 

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Galilée et les artisans

Galilée n'avait pas eu besoin des écrits de Bacon pour comprendre que la fréquentation des artisans pourrait lui être grandement bénéfique. Dans son œuvre la plus marquante, le Discours concernant deux sciences nouvelles, il précisait au sujet de la fabrique d'armes de Venise :

Quel large champ de réflexion me paraît ouvrir aux esprits spéculatifs la fréquentation assidue de votre fameux arsenal, [...] particulièrement le quartier des «travaux mécaniques». Toutes sortes d'instruments et de machines y sont en effet constamment mis en œuvre par un grand nombre d'artisans dont certains, tant par les observations que leurs prédécesseur leur ont léguées que par celles qu'ils font sans cesse eux-mêmes, allient nécessairement la plus grande habilité au jugement le plus pénétrant.

 

Son interlocuteur répondait alors :

Rien n'est plus vrai ; curieux de nature, je vais souvent, moi aussi, pour mon plaisir, visiter ces lieux et me mêler à ceux que pour leur supériorité sur les autres ouvriers nous appelons des  «maîtres» (proti) ; leur conversation m'a plus qu'une fois aidé à chercher l'explication de certains faits non seulement étonnant, mais encore mystérieux et quasi inimaginable.[...]

 

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Le travailleur manuel

On pense généralement aux peintres, sculpteurs et architectes de la Renaissance comme à des représentants de la «grande culture» plutôt qu'à des travailleurs manuels pratiquant un métier pour gagner leur vie. Leurs activités sont généralement considérées comme relevant du domaine de l'histoire de l'art plus que de celle des sciences. Ces idées sont à revoir. Pour commencer, il faut savoir que les artistes étaient issus des rangs des travailleurs manuels : «Au cours du XVe siècle, les peintres, les sculpteurs et les architectes italiens s'étaient lentement séparés des peintres chauleurs, des tailleurs de pierres et des maçons. Comme la division du travail était encore peu poussée, les mêmes artistes travaillaient souvent dans plusieurs domaines artistiques, et souvent dans l'ingénierie.  » 

Les architectes de cette époque, qui firent considérablement avancer la science de la mécanique, ne jouissaient généralement pas d'un statut social plus élevé que celui d'un artisan qualifié : [...] les grands architectes  du Moyen Âge avaient été quasiment tous anonyme. [...] Cet anonymat était dû en partie au préjugés des auteurs antiques et médiévaux à l'encontre du travail manuel. Ils assignaient à l'architecture une place subalterne dans les réalisations humaines, et la considéraient comme une profession ne convenant pas à un homme éduqué.[...] 

 

[...]Léonard de Vinci est aujourd'hui salué comme l'exemple même du génie universel maîtrisant toutes sortes de savoirs-faire et s'illustrant par des réalisations dans les beaux-arts et les sciences à un niveau inégalé avant ou après lui. Assez ironiquement, pourtant, à son époque il ne jouissait pas du plein prestige de l'homme instruit, car il n'avait pas reçu d'éducation classique et n'écrivait pas en latin.[...] Léonard vitupérait  «certains présomptueux qui le disaient ignorant (il me méprisent, moi l'inventeur, [...] du fait que je ne suis pas un lettré»), sur le compte desquels il écrivait : Si comme eux, je n'allègue pas les auteurs, c'est chose bien plus grande et plus rare d'alléger l'expérience, maîtresse de leurs maîtres. Ils vont, gonflés et pompeux, vêtus et parés non de leurs travaux mais de ceux d'autrui.[...]

 

Médecins, chirurgien, apothicaires et «charlatans» 

[...]«Au Moyen Âge, expliquait Roy Porter, l'organisation professionnelle des praticiens médicaux formait une pyramide avec les médecins en haut, les chirurgiens et apothicaires au-dessous – les autres guérisseurs étant écartés ou décriés comme  "charlatans" »  

En tant qu"art pratique, la chirurgie était déjà mésestimée par les médecins au temps de Galilée. En 1163, à une époque où l'élite médicale était composée d'ecclésiastiques et où la parole de l'église faisait fois, la séparation des deux arts fut consacrée au concile de Tours par la proclamation  Ecclésia abhorret a sanguine («l'Église abhorre le sang»). Ce cloisonnement de la chirurgie et de la pratique médicale – si préjudiciable à ces deux disciplines » – allait perdurer sept siècles. 

Paracelse ne fut pas le seul, au XVIe, à critiquer l'imposition de cette division sociale du travail médical. Son célèbre contemporain Vésale déplorait également que «le système thérapeutique fut misérablement écartelé », et reprochait aux  «médecins se parant du grand nom de physicien» de reléguer les actes médicaux «à ceux qu'ils appelle chirurgiens et qui leur tiennent lieu de domestiques».  «Les médecins les plus réputés, accusait-il encore, pleins de répugnance pour le travail manuel», préféraient «déléguer à leurs serviteurs les interventions chirurgicales qu'ils jugeaient nécessaires d'opérer sur les malades ; ils se contentaient d'y assister, comme des architectes supervisant des travaux.»

En dépit de ces protestations, la médecine et la chirurgie allaient rester séparées jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, à l'aube du  «siècle des révolutions». L'une des grandes contributions de la Révolution française fut d'abolir la séparation entre médecins et chirurgiens, et par conséquent de créer une profession médicale unifiée.» De son côté, la Révolution américaine eut un effet similaire : «La pernicieuse séparation entre médecine et chirurgie ne s'enracina jamais [aux États-Unis]. [...] C'est sans aucun doute l'une des raisons de l'excellence précoce de la chirurgie américaine.»[...]

 

 

Le contexte social ionien

Période (Antiquité grec) 

Grèce archaïque (VIIIe - 480) av. avant notre ère) 

Grèce classique (480- 323 av. notre ère) 

 

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Marchand de glaces, Argentine, 1950

 

L'environnement social des Grecs d'Ionie était radicalement différent de celui de leur prédécesseurs Égyptiens et Babyloniens. Ces civilisations plus anciennes, fondées sur l'agriculture, se caractérisaient par des formes d'organisation sociale totalitaires dans lesquelles le savoir, notamment scientifique, se trouvait monopolisé par des castes sacerdotales conservatrices, elles-mêmes subordonnées à un monarque absolu. Un tel climat social favorise le traditionalisme et décourage toute pensée originale et créative.

Des formes d'organisation sociale très différentes s'étaient mises en place dans le monde grec, et en particulier sur la côte ionienne, vers le VIIIe siècle avant l'ère chrétienne. L'économie n'y reposait pas uniquement sur l'agriculture : une activité marchande non négligeable s'était développé, suivant l'exemple phénicien. Le rôle grandissant du commerce avait entraîné la croissance de classes sociales non agraire : marchands, ouvriers, artisans, constructeurs navals, marins. Ces classes, même dans les villes, ne représentaient qu'une  «petite fraction» de la population, mais leur existence même introduisait une qualité nouvelle dans la communauté et sa structure». Selon Plutarque, «travailler n'avait rien de honteux» dans le monde grec du début du VIe siècle avant l'ère chrétienne, «et l'exercice d'un métier n'entraînait aucune discrimination». 

Les nouvelles colonies grecques qui fleurissaient sur la côte ionienne étaient des centres commerçants. Elles exportaient de l'huile, du vin, des armes, des poteries, des bijoux et des vêtements, et importaient des céréales, du poisson, du bois, des métaux et des esclaves. On trouvait dans ces cités portuaires des immigrés vénus de tout le monde grec, et même d'au-delà, ainsi que des natifs d'Asie Mineurs. Des gens d'origines diverses, loin de leur cadre de vie traditionnel, se trouvaient exposés à une multiplicité d'idées et de coutumes «étrangères». L'existence de cette population multilingue et pluriethnique, au sein d'une économie commerçante et durant une période de forte expansion économique, engendra une situation favorable à l'émulation intellectuelle. 

 

[...] Il ne faut pas imaginer Thales, Anaximandre, Anaximène et Héraclite comme des génies isolés, mais comme des représentants les plus en vue d'un vaste et dynamique mouvement de «science populaire» engendré par des luttes de classes du monde antique. 

Les illustres philosophes-scientifique ioniens  étaient eux-mêmes soit marchand, soit fortement influencés par ces derniers. En d'autre termes, il ne s'agissait pas de penseurs isolés dans leur tour d'ivoire mais de citoyens éminent et actifs. Thalès, par exemple, avait une réputation d'excellent homme d'affaires [...] 

Les penseurs ioniens avaient des conceptions matérialistes de la nature qui apportèrent des nouveautés intéressantes pour la compréhension scientifique du monde. [...]

[...] D'un autre côté, le fait qu'Anaximène, Héraclite et les autres philosophes ioniens aient été des penseurs plutôt que des artisans limitata leur capacité à contribuer aux sciences. Car bien qu'ils se soient appuyés sur des travaux d'artisans pour former leurs idées sur le fonctionnement de la nature, la connaissance qu'ils en avaient n'était pas de première main. Il ne se trouvèrent pas en situation d'avoir à y apporter des améliorations, et par conséquent ne connurent pas cette profusion de problèmes et de suggestions qui allait engendrer les sciences modernes de la Renaissance. [...] 

 

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Platon

[...] Plus tard, Europe, un mathématicien ayant rejoint l'école de Platon, élabora une géométrie «dans laquelle les relations spatiales peuvent être symbolisées assez indépendamment de tout chiffre et étudiées sans référence à des mesures». C'est cette géométrie qui inspira à Platon l'idée d'un «monde séparé constitué de pure intélligibilité». Ainsi culminait la contre-révolution qui renversa la tradition scientifique ionienne qui, elle, cherchait la connaissance de la nature au moyen des sens, par l'observation et l'expérience. Comme Farrington l'expliquait, Platon  «représente une réaction politique contre les Lumières ioniennes, servant les intérêts d'une cité-État chauvine, esclavagiste, divisée en classe, et faisant déjà figure d'anachronisme à son époque. [...] 

[...] Un autre élément fondamental de l'élitisme platonicien est l'affirmation dans la République que ce n'est pas l'homme qui fabrique une chose, mais l'homme qui l'utilise, qui en possède une véritable connaissance scientifique». La signification et le rôle politique de cette doctrine ne sont pas difficiles à cerner : «On ne peut admettre qu'un esclave qui produit des choses soit possesseur d'une science supérieure à celle de son maître qui les utilise.» Platon mit l'histoire des sciences sur une voie élitiste en donnant le jour à «une opinion antihistorique et grotesque, qui fut ensuite populaire dans l'Antiquité, et selon laquelle ce furent les philosophes qui inventèrent les techniques et qui les transmirent aux esclaves.  » [...] 

[...] Le noble mensonge de Platon était la justification ultime de l'élitisme, stipulant que les hiérarchies sociales sont immuables puisque créées par Dieu, et que les classes dirigeantes méritent de gouverner car ces membres sont constitués d'une matière supérieure (les aristocrates étant fait d'or, les paysans et artisans de cuivre et de fer). Selon ce programme idéologique, Platon préconisait deux religions séparées : l'une, abstraite et sophistiquée, pour l'intelligentsia, et l'autre, plus vulgaire, avec ses traditionnels dieux et déesses anthropomorphique pour les masses. Pour s'assurer du respect continuel de cette dernière, Platon proposait de condamner les incroyants à cinq années de prison à la première offense et à la mort dès la seconde. Farrington commentait : «C'est ainsi que la persécution pour opinion fut pour la première fois préconisée sur la scène européenne». Le successeur de Platon, Aristote, comprenait lui aussi l'utilité politique de la tradition religieuse : il la qualifiait de  «mythe» propagé  «en vue de persuader la multitude et pour servir les lois et les intérêts communs» [...] 

 

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[...] Mathématiques mises à part, certains historiens ont décrit l'influence générale de Platon comme profondément destructrice pour les sciences. Selon Farrington, son «mépris pour le monde physique», qu'il partageait avec Socrate, « fut l'une des principales raisons de la mort des sciences» dans le monde grec. Il s'agissait d'«un rejet total de l'investigation physique» à la fois «inique» et réactionnaire, aux conséquences «funestes» Après lui, les mathématiques, l'éthique et la théologie se trouvèrent inextricablement entremêlées, en une science à priori détachée de toute expérience». 

Comme indiqué précédemment, l'idéalisme platonicien représentait une réaction aristocratique contre le matérialisme des Ioniens, qui cherchaient à acquérir le savoir par l'observation directe de la nature et tiraient leurs conclusions de ce que percevaient leur sens. Platon allait dans une direction totalement opposée en fondant la recherche du savoir exclusivement sur les vérités à priori, une méthode propre à paralyser toute étude scientifique de la nature. [...] 

 

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 Des communauté de métiers et du libéralisme (économique) 
 
 Ni Savoir-faire ni Maître
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Réflexion philosophique
 
Il est indéniable qu'en l'absence de tout encadrement, peu de choses ne dépérissent mieux que la morale. La morale est, ou devrait être, l'ensemble des lois, des règles et des codes qui font et définissent le plus grand et non le plus beau, le respect et non le digne ou l'indigne, la chose porteuse de liberté pour l'ensemble et non la chose porteuse de liberté et de puissance absolues pour une minorité. 
Jadis, les communautés ou corporations de métiers, dont les fondements reposaient sur la valeur de leurs membres, ont tout naturellement favorisé la morale dans le monde du travail, et donc, le respect de la hiérarchie, la compétence et la magnificence : le travail est certe difficile, mais il est un art, une poésie. Au crépuscule du XVIIIe siècle, le libéralisme, dont les fondements reposent sur l'individualisme et le profit d'argent, va engendrer la disparition des corporations et, progressivement, favoriser l'égoïsme, et donc : l'irrespect, le travail  bâclé, les malfaçons, le manque de grandeur ou de caractère : le travail tend à devenir un  simple devoir pour le plus grand nombre.
Avec le  libéralisme,  les «lettrés »,  les petits lettrés ! Pas les grands ! Les petits esprits : les esprits médiocres, étriqués, bornés, superficiels, exigus, rabougris, mesquins, insignifiants... Ces lettrés à l'esprit sectaire ne sont plus les seuls ou les plus nombreux à arpenter les terres arides de la critique facile ; ils ne sont plus les seuls à ignorer, à haïr, à souiller chaque jour les mémoires de ceux dont le dos s'est voûté sous le poids des exigences démesurées des Hommes d'argent, sous le poids des exigences du capitalisme financier : l'ouvrier, lui aussi, critique l'ouvrier ; tout le monde critique tout le monde. L'argent est devenu la référence absolue, le nouveau maître, le «Maître-argent»,  pour le travailleur manuel autant que pour le riche bourgeois ou le lettré. Le lettré ! : ce personnage si grand lorsqu'il forge sa réflexion en fréquentant les ateliers des artisans,  lorsqu'il met la main à l'ouvrage, lorsqu'il spécule en compagnie de gens de toutes conditions sociales. Mais  petit, si petit, si prétentieux, si vil, si arrogant, si bête lorsqu'il s'enferme dans sa tour d'ivoire avec les siens, avec ses livres et ses phantasmes. Si insignifiant lorsqu'il occulte la sagesse des travailleurs parce que non lettré ou exerçant une activité manuelle, lorsqu'il s'attribue tout ou partie de leurs inventions, trahissant ainsi la grande Histoire : car les agriculteurs, les artisans et les petits marchands à l'origine de grandes découvertes sont légion. Maintes fois ils ont prouvé, à travers toute l'Histoire, leur capacité à philosopher et à innover dans les différentes sciences. Mais depuis bien longtemps, on a cessé d'admirer le compagnon, on a cessé d'admirer le maître-artisan ou le maître-marchand, depuis bien longtemps, ils ont disparu... Seul l'artiste, un autre travailleur (manuel) qui fut jadis méprisé par les petits  lettrés sectaires, et le sportif, gladiateur des temps moderne, sont encore admirés par le plus grand nombre aujourd'hui ; même si le premier, il faut bien le reconnaître, est fréquemment soumis aux critiques acerbes d'une «intelligentsia» citadine, arriviste et bouffie d'orgueil, dont chaque membre est fermement convaincu de détenir le monopole du bon goût tout autant que la vérité sur le monde. 
Aujourd'hui, les travailleurs, ou la plupart d'entre eux, manuels ou intellectuels, sont devenus des consommateurs en puissance, sensibles et égoïstes. Ils manquent de solidarité ; la jalousie et la xénophobie sont les fondations de tensions récurrentes ; ils se conspuent, se rejetent, s'accusent de fautes réelles ou imaginaires. Le manque de respect à engendré une déperdition de créativité et de culture.  Dorénavant, celui qui détient le plus grand savoir-faire est admiré  secrètement, en silence : le capitalisme financier, enfant du libéralisme,  à intensifié la concurrence entre les travailleurs. Ainsi, aux yeux des plus vulnérables, l'ennemi est à chaque porte : il faut «abattre»  le concurrent, le plus fort ou celui qui nous fait peur, à tord ou à raison. L'incompétent, lui, tout comme l'ignorant, n'est pas un vulnérable à priori. Il est tout en puissance lorsqu'il  est ouvert au doute et à l'apprentissage et il est tout en faiblesse quand il est remplit de certitudes : car alors,  et seulement alors, il stagne dans les méandres de l'ignorance. Aveuglé par ses certitudes, il cesse d'apprendre, il ne peut plus apprendre ; et chaque jour qui passe l'éloigne un peu plus... 
Mais si l'individualisme a engendré un libéralisme qui a fragilisé certaines classes sociales en particulier,  paradoxalement,  le plus grand bénéfice de l'individualisme repose, justement, sur l'excès global de sensibilité qu'il engendre : car dorénavant, contrairement aux sociétés holistes, l'Homme, quelque soit sa classe sociale,  pense à lui avant de penser au groupe : la chaîne sociale s'allonge, elle casse, elle se divise. L'Homme rêve, il veut être respecté parce qu'il est devenu l'être le plus important de son groupe et le plus important du monde, il a des désirs de grandeur : les chaînes sociales s'allongent, encore et encore. Dorénavant, l'Homme ne se sent plus suffisamment porté par son groupe, il est donc considérablement fragilisé, indéniablement fragilisé ; sa volonté de puissance doit alors s'exprimer  différemment, autrement que par la violence immédiate :  il s'ouvre aux compromis, il souhaite vivre dans une  cité et un monde en paix, et ce, à la seule fin de  réaliser ses grands desseins : ses désirs effrénés de consommation, l'assouvissement de ses passions, son ascension sociale...  Le libéralisme, oui ! le totalitarisme, non ! Mais dans un très grand nombre de secteurs et de structures, l'individualisme, porté à son paroxysme par un libéralisme gorgé d'arrogance, se confond maintenant avec un pure égoïsme. Celui-ci a détruit le savoir-faire, le respect et l'entraide : il n'y a plus de maître et plus de compagnon, ou plus de maître et de compagnon dignent de ce nom ; il n'y a plus suffisamment d'encadrement favorisant le savoir-faire. Le  «Maître» : celui qui devait prouver par la réalisation d'un chef-d'œuvre qu'il est digne de devenir patron, et ainsi, de transmettre le savoir et de faire commerce, ce Maître a disparu ; même si, toutefois, sa descendance subsiste à travers certains artisans, employés ou dirigeants, qui,  chaque jour, sont en mesure de prouver par des actes leur immense savoir-faire : l'acte est une preuve absolue, le diplôme et le grade ne sont rien d'autres que de pures formalités, qui récompensent : parfois les meilleurs ! Mais parfois, hélas, trois fois hélas ! : les chanceux ou les bonnes mémoires ou les théoriciens ou l'être aimé ou les amis ou les amis des amis ou la famille ou la belle famille ou les proche de la famille, hélas ! hélas ! hélas !... 
Après l'avènement du libéralisme, l'apprentis, l'ouvrier, l'employé et le patron partagent les mêmes rêves ; mais posséder un savoir-faire n'est plus perçu comme une priorité ou une nécessité. De plus, le libéralisme incite autant le riche que le pauvre à faire jouer la concurrence pour maximiser les profits personnels. Avec l'économie de marché, l'individu est d'abord un consommateur : au diable les conséquences ; au diable l'appauvrissement des savoir-faire ; au diable la disparition des petits commerces qui, bien souvent, possèdent  la plus grande expertise ! Le doux parfum du libéralisme, la démocratie, a dissipé  l'odeur pestilentielle de son arrière boutique. 
Ce désir si noble, si fort d'acquérir le savoir-faire de son maître, de ressembler à son maître, de dépasser son maître, ce désir si grand s'en est allé... L'individualisme, couplé à un libéralisme mal encadré, a rendu le travailleur tellement sensible, qu'il en a fait un être si égoïste, si prétentieux et si bouffi d'orgueil,  qu'il est, maintenant, suffisamment aveugle pour fendre, scier ou casser la branche sur laquelle il repose, la branche  sur laquelle l'entreprise et la nation toute entière reposent, dans le seul but de satisfaire son égaux, devenu un amour propre féroce. Jadis, quand les corporations de métiers cherchaient à promouvoir l'excellence et à valoriser les meilleurs éléments, ces désirs n'allaient  pas sans heurt, d'autant que certains codes  sociaux présentaient une très grande rigidité : jalousie, querelles et violences pouvaient se matérialiser, mais soit leur volonté suprême était l'élaboration d'un savoir-faire et le respect de ce savoir, soit l'économique et la politique avaient, pour chaque corporation,  une importance équivalente au désir de maîtriser un savoir-faire. Le libéralisme (économique) a intensifié les tensions et l'irrespect entre les travailleurs et appauvrit le savoir-faire dans de très nombreux domaines, parce que son désir suprême est la recherche du profit d'argent et non la valorisation ou la transmission des savoir-faire, qui ne sont, alors, que des conséquences éventuelles : le versant économique domine le versant politique ; l'économie morale à céder une place importante, trop importante, à l'économie de marché. 
Aujourd'hui, il me semble que seule une minorité de personnes, de structures, de secteurs et de nations cherchent à favoriser l'élaboration d'un véritable savoir-faire, qui, grâce à un encadrement  spécifique, valorise la sagesse. Alors, le recrutement et la formation et la qualité et la vitesse d'exécution reposent entièrement sur une approche scientifique et respectueuse de la personne humaine : respectueux des femmes ; respectueux des hommes ; respectueux de l'être humain, quelque soit sont origine ou ses croyances. Les plus sages, autrement dit ceux qui possèdent le plus grand savoir-faire, dirigent, conseillent, forment les autres et élaborent  les différentes stratégies. La recherche, l'observation et l'expérimentation sont leurs fondements. Donc, avec plus ou moins de délicatesse,  une part de l'esprit des corporations peut cohabiter avec le versant le plus noble du libéralisme. Ce qui nous permet de dire, encore aujourd'hui, que derrière un artisan, un petit marchand, un employé ou un dirigeant qui doute, et prouve, il y a peut être... un grand Maître. 
Fondamentalement, le monde n'était ni mieux ni moins bien avant. Tout est relatif ! Le plus abouti de nos jugements est toujours, irrémédiablement,  formulé sous l'empire de notre vécu : un amoncellement de règles, de lois, de codes et d'épreuves qui structurent notre sensibilité, notre perception des choses et notre personnalité. Mais aujourd'hui, en traitant les  autres  comme nous aimerions être traité,  gageons que nous pouvons faire mieux, beaucoup mieux pour nos contemporains, beaucoup mieux pour l'humanité tout entière... 
Auteur : Vlasios Maximus
 
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La parenthèse Albert Camus


 

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 Monde
La naissance de la créativité 
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(Quelques dates importantes) 
 
Vers, environ / moins :
3,4 Ma : (Éthiopie) Entailles laissées par un outil en pierre sur des os d'animaux. (probablement par un Australopithecus  africanus) . Si elles sont authentiques, il s'agit de la plus vieille preuve de consommation de viande par des hominidés. 
3,3 Ma : (Kenya) Fabrication des premiers artefacts en pierre taillée. 
2,6 Ma :  (Tanzanie) Fabrication d'outils en pierre. 
1,5 Ma :  (Kenya) Apparition du biface. 
Entre 1 Ma et 700 000 ans : Première grande traversée maritime (radeau, nage). 
550 000 à 500 000 ans : (Kenya) Émergence du débitage par percussion. 
540 000 à 430 000 ans : (Java) Gravure de symboles sur un coquillage. 
460 000 ans : (Italie) Confection d'outils en os. 
300 000 à 250 000 ans : (Italie) Fabrication du premier matériau synthétique. 
300 000 ans : (Zambie) Exploitation des pigments. 
250 000 à 200 000 ans : (Europe) Apparition des pointes Levallois. 
250 000 ans : (France) confection de propulseurs. 
170 000 ans  : Invention des vêtements. 
165 000 ans : (Afrique du Sud) Apparition des outils en pierre par traitement thermique. 
135 000 à 100 000 ans  : (Israël) Création des premières perles ornementales en coquillage. 
100 000 ans : (Allemagne) Tannage du cuir. 
100 000 et 60 000 ans (Afrique du Sud) Gravures de symboles sur des œufs. 
90 000 ans : (Zaïre) Réalisation de harpons en os. 
92 000 ans : (Israël) Première enterrement connu dans la grotte de Qafzeh. 
90 000 ans : (France / Pays-Bas)  Utilisation de la ficelle. Elle se compose de fibre de plantes enroulées. 
84 000 et 76 000 ans : (Afrique du Sud) Travail formel d'outils en os. 
82 000 et 75 000 ans : (Afrique du Sud / Maroc) Confection de colliers en perles. 
77 000 ans : (Afrique du Sud) Utilisation des plantes pour créer des nattes. 
75 000 ans (Afrique du Sud) Début du débitage par pression. 
71 000 et 64 000 ans : (Afrique du Sud) Émergence de projectiles et de microlames. 
34 000 et 32 000 ans : (Grèce) Construction de foyers en terre cuite. 
34 000 et 30 000 : (Russie) Réalisation de la première aiguille à coudre connue. 
32 000 ans : (Italie) Avoine moulue et chauffée. 
30 000 ans : Domestication du chien. 
28 000 ans : (Mongolie) Production de microlames, à l'aide du débitage par percussion. 
26 000 ans : (République tchèque) Construction des premières huttes. 
28 000 et 25 000 ans : (République tchèque) Production de textiles tissés, de vannerie, de filets et de ficelle. 
23 000 et 16 000 : (Timor oriental) : Fabrication d'hameçons. 
20 000 ans : (Chine) Réalisation des premiers pots en terre cuite. 
17 000 et 12 000 ans (Europe de l'ouest) Utilisation généralisée des propulseurs aux sculptures délicates. La décoration à un but narratif, et leur utilisation témoigne d'un apprentissage. 
15 000 et 14 000 ans : (Maroc) : Consommation à grande échelle de céréales sauvages et de plantes à base d'amidon. 
13 500 ans : (Nouveau-Mexique) Apparition des pointes de flèches de type Clovis. 
15 000 ans : (Europe / Allemagne) Généralisation de l'arc et des flèches. 
10 000 ans : (Irlande) Réalisation de la première nasse à poisson.
(Sources / extait : Big History, Dk
 
La construction des pyramides d'Égypte
 (vers 2700 avant notre ère) 
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Monde musulman

Sciences et travail manuel pendant  l'«âge d'or» islamique 


 

[...] La transmission des sciences arabes en occident est généralement présenté comme l'œuvre paisible de traducteurs érudits, mais ce fut aussi pour une part une expropriation violente, dans le sillage des guerres qui aboutirent à la destruction des royaumes musulmans d'Espagne.  « Si l'attrait pour la philosophie ancienne ne fut pas le motif principal de la croisade des Occidentaux contre  Al-Andalus  – le fanatismes guerrier et la soif de pillage étaient des motivations bien plus fortes – la prise de possession des enseignements arabes fut l'une des conséquences les plus importantes de la  Reconquista.[...]. 

 

[...] L'alchimie – encore un mot d'origine arabe, ancêtre du mot  «chimie» – était surtout une science d'artisans anonyme. Chez les grecs elle avait  « vécu d'une existence obscure parce que les praticiens – les goulots, les teinturiers, les verriers, les potiers, les fabricants de drogues – étaient tenus à l'écart de la société ». Dans le monde musulman, par contre, une bonne partie de ces savoirs furent transcrits. Les plus anciens écrits, qui datent du VIIIe siècle, sont attribués à un alchimiste du nom de Jâbir ibn Hayyân.[...] 

 

[...] C'est en chimie, concluait J.D. Bernal, que les médecins, parfumeurs et métallurgistes du monde musulman contribuèrent le plus à l'avancée générale des sciences. Une bonne part de leur réussite dans ce domaine est due au fait d:avoir en grande part échappé aux préjugé qui avaient tenu les grecs à l'écart des activités manuelles.[...]

 

 

 

 


 Quelques personnalités 


 

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Thalès de Milet (625-547 av. notre ère) 

Commerçant, ingénieur, scientifique, mathématicien, philosophe et homme politique grec ; Thalès de Milet est considéré comme le premier philosophe de la nature, il a su s'écarter des discours explicatifs délivrés par la mythologie pour privilégier une approche naturaliste caractérisée par l'observation et la démonstration. 

 

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Galilée (1564-1642), mathématicien, géomètre, physicien et astronome italien

 

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Al-Razi (865-925)

Abu Bakr Mohammad in Zakariya al-Razi

Médecin, alchimiste, et philosophe iranien

 

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Michel-Ange (1475-1564), sculpteur, peintre, architecte, poète, urbaniste florentin ; par Daniele da Volterra

 

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Francis Bacon (1561-1626), scientifique et philosophe anglais

 

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Antonio Giacomo Stradivari, dit Stradivarius (1644-1737), artisan luthier italien

 

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Thierry Hermès, artisan arnacheur sellier, fondateur de la marque Hermès

 

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La calèche

Roman de Jean Diwo, éd. Flammarion

La saga de la famille Hermès

 

 

 

 


 Arts, artisans et artistes... 


 

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Artisanat 

Tailleur de pierre

 

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Art

Sculpteur de pierre 

Moïse,  une sculpture de Michel Ange

 

 

Europe

Moyen Âge 

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Chantier

 

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Architectes médiévaux 

 

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Mâçon 

 

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Maître maçon 

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Plan 

 

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Extrait d'un règlement de corporation

 

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Les (sceaux) bannières des corporations 

 

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La cathédrale Notre-Dame de Strasbourg, au Moyen Âge 

Construction : (1015) 1176-1439

Hauteur : 142 m

 

 

Instrument et immobilier 

La musique et la pierre 

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Violon 

Stradivarius  “Lady Blunt”, 1721 

Artisan : Antonio Giacomo Stradivari (1644-1737), luthier italien ; élève de Niccolò Amati

 

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La cathédrale Notre-Dame de Strasbourg (Alsace), Grand Est, France 

 

 

 

 


Libéralisme (économique), industrialisation et conditions du travail


 

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XIXe siècle 

 

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Restif de la Bretonne, écrivain


 

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Nicolas Edme Restif, dit Restif de la Bretonne (1734-1806), écrivain

 

“ Le premier paysan écrivain ” :

Berger, typographe, écrivain, réformateur, philosophe, libertin, visionnaire, il fut tout cela à la fois.

 

Fils de riches paysans de l'Yonne, il emmenage avec sa famille lorsqu'il a huit ans dans la ferme de La Bretonne, située dans le village de Sacy. Devenu ouvrier typographe à Auxerre et Dijon, Nicolas Restif de la Bretonne s'installe à Paris en 1761 : c'est alors qu'il commence à écrire... Il connaît le succès et la gloire des 1775 avec  Le  paysan  perverti. 

 

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Restif de la Bretonne

Première illustration des  Nuits de Paris  (1788), dessinée et gravée par Moreau le Jeune. 

 

 

 

 


L'art du vitrail

Emmanuelle Andrieux-Lefèvre, artisan 


 

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Vidéos 

Europe


 

Les corporations au Moyen Âge 

 

Les métiers au Moyen Âge 

 

Le commerce au Moyen Âge 

 

Camille Berthollet : “Danse macabre” de Camille Saint-Saëns 

 

"La Liste de Schindler'” de John Williams 


 

Schindler's Liste”, extrait du film

 

 

 

 

 Les "petits métiers” ou métiers de rue au XVIIIe siècle 
86038ec97fecc356ab70870de9045825--paris-café-paris-france.jpgQuelque part... à la terrasse d'un café...
 
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La petite histoire internationale du café et de l'établissements dit "café” 
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Les caféiers sont des arbustes à feuilles persistantes et opposées. 
Genre : Coffea
Familles : Rubiacées
Espèces / boisson : Coffea arabica, Coffea canephora (ou caféier robusta). 
 
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Café de l'arabe qahwah,  boisson stimulante ;  k'hawah ;  "revigorant” 
 
Origine : (étude génétique) probablement de la province de Kaffa, en Éthiopie. Une légende attribue  la découverte du café à un berger (nommé Kaldi) qui aurait constaté que ses chèvres étaient excitées après avoir consommées les feuilles et les fruits d'un arbustes. Le café est transféré au Yémen, probablement vers le VIIe ou VIIIe siècle. Sa popularité est probablement due à la prohibition de l'alcool par l'Islam. 
Première torréfaction : au XVe siècle. Selon une légende, elle est découverte par hasard au Yémen, par deux moines, Sciadli et Aydrus / monastère soufis). 
Première description par un occidentale : en 1583, par Leonard Rauwolf, un médecin allemand de retour d'un long voyage au Moyen-Orient. Selon Rauwolf le breuvage est utile contre de nombreux maux. Ses commentaires attire l'attention de marchands. 
Première établissement dit “café” : en 1555, à Istanbul, Empire ottoman (Turquie). 
Date  d'arrivé du café en Europe : en 1615, à Venise. 
Date d'arrivée du café en France : vers 1644, à Marseille, par un bâtiment (bateau)  venu des terres  lointaines d'Alexandrie.  Il est introduit par Pietro della Valla, aventurier et poète. 
Premier établissement dit “café”  à Venise : en 1645.
Date d'entrée officielle du café en France : en 1669. Apparition du café  à la cour de Louis XIV par l'intermédiaire de l'ambassadeur de Turquie, Soliman Agor.
Date d'ouverture du premier établissement dit  “café” en France : en 1671,  à Marseille, par un Arménien nommé Pascal Haroukian. C'est dans le quartier de “La Loge” (aujourd'hui celui de la Bourse) que Pascal Haroukian ouvre le premier café. Il est aussi l'inventeur du nom “caoua", et le premier à avoir utilisé le mot "café”.
Date d'ouverture du premier établissement dit  "café"  à Paris  : en  1672, par Pascal Haroukian. Le succès est mitigé. 
Le premier café á la mode : Procope, d'origine sicilienne, a plus de chances que Pascal Haroukian. Son établissement, créé en 1686, devient l'endroit à la mode, fréquenté par de nombreux penseurs, écrivains et comédiens. 
Premier moulin à café  : en 1687.
Date d'arrivée du café dans le “Nouveau Monde”  : en 1689 (lieu du premier établissement : Boston). 
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Le Café Procope, 13 rue de l'Ancienne Comédie, Paris
Au XVIIIe  siècle, l'établissement était fréquenté par Voltaire, Diderot, d'Alembert... 
 
 
  « Le saviez-vous ?  » 
Café, bistro, bar, troquet, zinc, quelle différence ? 
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LE GRAND VOYAGE DU CAFÉ 
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Lieu de naissance et trajectoire du café 
 
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Marchands de café Yéménites 
 
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Yémen 
 
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Café, Palestine 
 
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Café de rue, Jérusalem, 1858
 
 
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Ateliers de torréfaction de la chocolaterie Menier. Date de construction : 1866
 
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XVIIIe siècle, à Versailles on cultive le caféier en serre
 
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Marchand de café ambulant, au XVIIIe siècle, à Paris
 
 
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Éthiopie, aujourd'hui 
 
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Éthiopie, la récolte du café
 
 
Cafés et terrasses de café 
Le café, lieu de rencontres, de débats, d'observation ; le café, lieu de réflexion... 
Café ; Café philo ; Café branché... 
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71cbc642ad4517e692d45ae9c42e556e--jean-paul-sartre-paris-illustration.jpgIllustration : Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre au Café de Flore, à Paris

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Couverture, photo : Construction du Rockefeller Center, documentaire de Seán Ó Cualáin –Men at lunch (First l'un Features), 1932, photographe inconnu ; Histoire populaire des sciences, Clifford D. Conner, Éd. de L'Échappée ; Une autre histoire du monde, Dorling Kindersley Limited ; Colette et les peintres en bâtiment,  photo : Passerelles BNF ; “Ni Savoir-faire ni Maitre” , texte : Vlasios Maximum, photo (2) : représentation de Briget O'Donnel avec ses deux enfants, Grande Famine en Irlande (1845-1852, image publiée le 22 décembre 1849 ; Monde, La naissance de la créativité / photo : Marc Riboud ; Galerie, Immeubles anciens  : du XVIe au XVIIIe siècle / couverture : Musée des Arts Décoratifs et Appartements du Palais Rohan de Strasbourg / photo : Avant Garde Photo ; Gifs : Charlie Chaplin, “Les Temps Modernes” ; Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg [crédits] / photo 1 : Elham Hoxhalli / photo 2 : Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg 



08/01/2018
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